1- Les gau-gau, les gaulois !

Comme la vigie dans Astérix, nous voyons avec terreur s'approcher certains bateaux au drapeau vert. Ils sont bourrés d'Australiens. Ou plutôt d'Australiens bourrés, tueurs de nos nuits calmes.



La flotille de Katarina Line comporte quelques bateaux "Fun-and-Young-cruise". Traduisez par: croisière-oú-l'on-se-bourre-la-gueule-toutes-les-nuits-en-dansant-sur-de-la-techno-très-fort.

Le problème est que nous naviguons de concert - c'est le cas de le dire - et que nous sommes amarrés ensemble chaque soir!

Pourtant nous ne sommes pas racistes, il y a une Australienne avec nous. Et des meilleures!



Reprenons le voyage depuis le début.

Il s'agit de retrouvailles, d'amitié indéfectible et de bons moments en Croatie. Recette facile en 3 étapes, pour les VIP que nous sommes:

1- se donner RV à l'aéroport de Split, à 2 h de vol de nos chez-nous respectifs

2- louer une grosse voiture avec chauffeur



3- louer une jolie villa avec vue



et avec gardes-du-corps cuisiniers.



Ensuite,  il suffit de profiter.

D'abord de notre plage quasi-privée oú Skippy finira par devenir dauphin si elle continue ses séjours prolongés dans l'eau.



Ensuite, des marchés locaux oú nos cuisiniers font des raids sur les produits frais et le vin.





 

 Il y a bien, ici et là, d'autres hommes au chant de sirène,



mais la polygamie polyphonie n'est pas notre truc.

Je passe un peu de temps à dessiner sous le porche frais de la cathédrale de Trogir. Son portail est extraordinaire.


Une Ève sculptée dans la pierre jaune, me touche. Elle est si réaliste, protégeant sa nudité d'un air penaud du genre "oups, j'ai fait une bêtise?"


Trogir est une des nombreuses cités médiévales très bien conservées sur cette côte dalmate.


Un ville-musée, mais bien vivante. 



Assommés par la chaleur, nous ne trouvons pas le courage de faire le tour de la ville en kayak.


Et nous retournons à notre bercail aéré et frais.


2- Cataractes à Krka

Dans la fournaise de l'été croate, un lieu magique nous aimante: les chutes du Niagara.

Ou presque.


La puissante rivière Krka dégringole une série d'énormes marches en tuf. Ca rugit et ça fume de tous les côtés. Mais d'oú vient toute cette eau?


On se croirait au Venezuela avec des cascades partout dans la forêt. Il ne manque que les guépars. Pourtant la biodiversité dans ces lieux aquatiques est exceptionnelle. Pour preuve ces ravissantes grenouilles.


 Les humains, eux, pullulent dans le bassin de réception des plus grosses chutes.



Quelle sensation la baignade dans pareil courant!


D'antiques moulins aux  multiples meules sont mus par ces ruisseaux canalisés.


Le grain à moudre s'accumule doucement


dans les cliquetis et grincements des meules.


Lorsque lorsque l'été asséchait les plus petites rivières, il fallait parfois 3 jours d'attente pour faire moudre son grain . On imagine bien la vie sociale autour de cet éden aquatique.

Pas de meunier aux alentours, mais la jolie tisserande démontre son habileté.


Luc, lui, démontre autre chose avec les turbines de l'ancienne usine électrique. 



Parcourant le site sur des petits ponts en bois, nous jouissons des glouglous frais, des ruissèlements, des cascades de toutes tailles. 




Nénuphars et libellules. Ce lieu me rappelle une scène  du film Dreams de Kurosawa dans laquelle un vieil homme parcourt un paysage onirique de ruisseaux, de fleurs et de moulins. 





Difficile de quitter cette fraîcheur, pourtant il faut bien rentrer.

"A la maison", Eric et moi sommes sages comme des images pendant que Luc et Skippy se chamaillent.


3- Šibenik

Pétard, quelle équipe nous faisons!

Oui, oui, le fût du canon met un certain temps à refroidir par ce soleil...



La rivière Krka se jette dans la mer à Šibenik oú nous  commençons à voir les premiers yachts impressionants.


De traboules en escaliers,



nous montons vers les jardins du monastère oú glougloutent des fontaines très mauresques. Charmantes répliques de l'Alhambra.


Mais c'est le côté vénitien qui est le plus marquant.


Réticents à payer l'entrée du château-fort, nous nous reportons sur le cimetière oú la pierre tombale des vivants est déjà prête. Leur photo et date de naissance sont déjà gravées... Ne manque plus que leur corps et la date du décès. Est-ce rassurant de savoir oú l'on sera enterré?


Le clown de service pose devant les monuments.

mais il ne se fera pas baptiser sur les splendides fonts



de la cathédrale. 


Curieusement, il y a peu de monde dans cette vieille ville charmante. La vie a dû se réfugier dans les centres commerciaux de la périphérie qui côtoient les ruines d'usines sidérurgiques bombardées pendant la guerre de 1991-95!

Mieux vaut revenir à notre jolie villa pour faire un dernier tour avec masque et tuba.


Le couchant se colore d'une teinte jaune malsaine. Un avion-pompier passe en radada au-dessus de la villa.


Nous admirons l'extrême habileté de ces pilotes dont les norias sont rapides. L'incendie ne doit pas être loin.


4- Split

A la différence de Rome oú l'on voit 2000 ans d'histoire entassés en couches successives, ici les siècles se sont enchevêtrés.

 

Ce chaos architectural regroupe tout: troupeau de sphynx égyptiens (3500 ans avant JC),  arcades romaines, remparts médiévaux, lions vénitiens,...

 

En fait, le gigantesque palais de l'empereur Dioclétien s'est fait phagocyter par les maisons des réfugiés au fur et à mesure des nombreuses invasions.

 


  La dernière invasion - celle des touristes du monde entier, n'est peut-être pas la plus inoffensive. Ce pays se transforme en une vaste boîte-de-nuit-vomitorium.  On en parlera plus loin.  

 

Agglutinées dans, sous et autour de ce palais du 4è siècle, les constructions plus récentes ont

 

lentement digéré le palais sans le détruire.

 

C'est un lacis de ruelles oú s'entremêlent fontaines, puits, palais


 

et aussi masures. Quel centre historique exceptionnel !

 

 

A quoi pouvaient bien servir les sortes de petits rouleaux de pierre de chaque côté des fenêtres? Réponse plus tard dans la ville de Bol sur l'île de Brač (!).

 

 

La banlieue, elle, suinte la laideur comme toutes les grandes villes du monde. Tours, centres commerciaux tentaculaires et pour seul monument contemporain: un cirque à voyous (les supporters  du club de foot Hajduk sont réputés pour leur violence).

 





   

 

 

En ce stade, le concert "The Wall" de Roger Waters aurait pu nous intéresser mais notre croisière démarre ce jour là.  A défaut de Pink Floyd, nous apprécions un concert de trottoir



Nous testons de curieuses patisseries, moins savoureuses que les fruits du marché,

 

et finissons notre errance dans le quartier du port, avant de monter à bord pour la croisière.